Pénurie mondiale de vin selon la banque Morgan Stanley, hausse de la production d’après l’OIV : qui croire ?

Pénurie or not pénurie ? Une étude de la banque Morgan Stanley publiée le 30 octobre a semé le doute dans le monde viticole. L’offre de vin n’a cessé de décliner depuis 2004, jusqu’à atteindre en 2012 son plus bas niveau depuis quarante ans, estime le géant de Wall Street. L’Europe serait le premier continent à voir sa capacité de production diminuer (- 40% par rapport à 2005).
Dans le même temps, la soif des nouveaux consommateurs aisés dans les pays émergents (Chine, Brésil, Russie, etc.) ne cesse de croître. Résultat : en 2012, la demande a dépassé l’offre de 300 millions de bouteilles. La banque prévient que le vin atteindra donc des prix astronomiques quand, après avoir consommé les millésimes plus anciens, viendra le tour du 2012.

Heureusement, la situation ne semble pas aussi sombre

Quelques jours plus tard, l’OIV (Organisation internationale de la vigne et du vin) apportait un cinglant démenti au rapport de Morgan Stanley. 2012 était effectivement une année de petite récolte, avec 258 millions d’hectolitres (Mhl). En 2013, par contre, la production rebondit à 281 Mhl, un niveau comparable à 2006. Sur fond de crise économique, la consommation mondiale en 2013 se situerait entre 238 et 252 Mhl. Soit bien en dessous de la production. « Les faibles volumes de 2012 ont pu tarir certains courants d’approvisionnement, rendant difficile en 2013 un retour de la croissance de la consommation », poursuit l’organisation qui fait référence dans le monde du vin. De quoi tempérer l’étude alarmiste de la banque états-unienne : annoncer la pénurie n’est-ce pas aussi une manière de relancer la spéculation ?

Yannick Groult