Dans son numéro d’octobre, le mensuel Que choisir ouvre la chasse aux pesticides dans tous les vins, même bio.

Une enquête au message affaibli par sa présentation alarmiste

92 vins analysés, des pesticides retrouvés dans 100 % des bouteilles, 33 molécules détectées sur 165 recherchées, etc. Dans son numéro d’octobre, le mensuel Que choisir a lancé la chasse aux pesticides dans le vin. Une étude maison reprise en boucle dans les journaux, toujours sur le même air : « Tous les vins sont contaminés aux pesticides, même les vins bio ! »
Des reprises par les médias qui enfoncent le clou, alors que l’enquête de Que choisir tente de nuancer ses propos et soulève de vrais problèmes pour la filière viticole. Mais il reste difficile d’imaginer que ce mensuel lâche une telle bombe médiatique sans se douter que son article serait repris en des termes aussi alarmistes…
« Les teneurs [en pesticides] sont infinitésimales et toutes largement inférieures aux seuils de toxicité », peut-on lire noir sur blanc dans le magazine de l’association de consommateurs UFC-Que choisir. De quoi relativiser les inquiétudes des amateurs de vin. Reste l’inconnue des perturbateurs endocriniens, qui peuvent produire des effets délétères à faible dose. « On retrouve toujours beaucoup moins de résidus dans le vin que dans le raisin », ajoute encore le journal. Un phénomène du aux procédés œnologiques utilisés pour transformer le raisin en vin.

En marge de son article, Que choisir détaille les résultats d’analyses menées sur 92 bouteilles de vins. Avec une présentation un brin alarmiste : surlignage rouge pour les flacons les plus « chargés », comme le Mouton Cadet 2010. Avec 14 molécules différentes, ce bordeaux rouge affiche un taux de 450 µg/l de résidus de pesticides. Une addition entre produits qui relève de « l’aberration scientifique », estime Marc Dubernet, docteur en chimie et œnologie. L’étude à charge de Que choisir cible également les vins bio. Alors qu’ils présentent des teneurs en pesticides près de 12 fois inférieurs aux vins conventionnels (probablement dus aux traitements effectués par des viticulteurs voisins).
Au final, cette enquête laissera seulement un arrière-goût amer à tous les amateurs de vin. Car sa présentation alarmiste affaiblit le message du mensuel. Celui-ci fait pourtant mouche deux fois quand il écrit « Bizarrement, il n’existe pas en Europe de limite maximale de résidus dans le vin » et « les viticulteurs ont été les premières victimes du triomphe de la chimie dans les vignobles ». Dommage.
A trop vouloir se faire mousser, Que choisir a surtout empoisonné le débat.

Yannick Groult