L’actualité hivernale viticole française regorge de sujets qui laissent planer le doute sur les organisations dirigeantes du vin français. Entre les affaires Emmanuel Giboulot, le vigneron de bourgogne Bio, Olivier Cousin avec ses vins d’Anjou et le bruyant livre d’Isabelle Saporta, VinoBusiness qui dénonce avec véhémence le vignoble bordelais, ses magouilles et la spéculation, on ne sait plus trop quoi penser des autorités vinicoles. Doit-on avoir peur d’une standardisation du vin français accompagnée d’une industrialisation qui avalerait nos « petits producteurs » français? C’est la disparition du savoir-faire et de l’originalité du vin qui est le plus à craindre dans toutes ces histoires.
A l’heure où l’on entend presque plus parler du vin que comme « lieu » d’investissement, avec différentes manières d’investir et faire des placements, l’inquiétude des amateurs ne peut que grandir. Quand les bulles spéculatives du vignoble Bordelais et Bourguignon arrivent à épuisement, on en entend naître de nouvelles un peu partout, la côte du Rhône, le Languedoc, le Roussillon, la Loire mais à l’étranger également en Californie, Pérou, Espagne, Italie. En somme, toutes les régions viticoles non investies deviennent un fort potentiel de placement pour les fortunés. Quand on voit ce que sont devenues les régions viticoles de Bordeaux et de Bourgogne pour le consommateur lambda, c’est à dire des vins renommés aux prix inaccessibles par le commun des mortels et dont la plupart sont exportés, il y a lieu de s’alarmer. Les récents procès contre les viticulteurs Emmanuel Giboulot et Olivier Cousin alimentent la frayeur de perdre une certaine authenticité au profit de la standardisation. On peut certainement reprocher à ses vignerons de ne pas respecter certaines règles ou lois établies, c’est ce qui a d’ailleurs été mis en avant lors de leurs procès respectifs. Mais ce sont des cas différents qui sont enveloppés dans un thème plus global, la normalisation du vin. L’AOC, garante de qualité, impose désormais beaucoup de contraintes pour le vigneron qui souhaite en bénéficier, et cela passe souvent par une nécessité d’investissement afin de répondre aux normes fixées dans un cahier des charges exigeant. Comme toutes les normes, l’AOC ou autres appellations du vin, implique une certaine standardisation. Quand on interdit à des vignerons de sortir du chemin, on perd la notion d’originalité et le savoir-faire s’estompe. Le tableau semble un peu sombre et heureusement beaucoup de vignerons résistent et on arrive toujours à dénicher des vins originaux destinés au plaisir gustatif et à des prix abordables.